France
2022 95 mins
V.O. française
Sous-titres : anglais
Nous sommes en 1984 dans la banlieue parisienne. Ahmed, dit Rico, et Rudy vivent une adolescence typique pour des jeunes issus de familles d’immigrants. Entre le désir de rencontrer des filles et les accrochages avec des groupes de néonazis, ils font la fête avec leur cercle d’amis avec qui ils ont créé le gang des Rascals. Arborant leurs couleurs sur un blouson bien voyant, ils se contentent de faire les 400 coups jusqu’au moment où ils croisent un ancien facho repenti qui avait violemment tabassé Rico et Rudy, alors âgés de 11 ans. Rico pète un câble et envoie leur tortionnaire à l’hôpital devant les yeux de Frédérique, la sœur de ce dernier. De là, tout part en vrille. Pendant que Frédérique se radicalise avant d’être présentée à un groupe d’extrême droite sérieusement organisé par un de ses enseignants, le bouche-à-oreille s’emballe et pointe une cible dans le dos des Rascals.
Situé durant la montée du mouvement skinhead qui a frappé Paris dans les années 1980, LES RASCALS fait office de film absolument essentiel à voir en cette ère de polarisation et de poussée de la droite identitaire en occident. C’est l’un des meilleurs longs métrages de l'année, qui n'a d'égal que sa pertinence. Une sorte d’hybride entre LA HAINE de Mathieu Kassovitz et GOODFELLAS de Martin Scorsese. Bien sûr, le langage misogyne de l’époque provenant de jeunes hommes bourrés d’hormones est choquant et les termes racistes font sourciller, mais l’immersion est totale, d’autant plus qu’on suit les protagonistes basculant des deux côtés de la médaille. La trame sonore mixant entre autres la musique rockabilly, le punk et les rythmes antillais nous transporte également à cette époque et dans ce contexte unique. Le réalisateur et coscénariste Jimmy Laporal-Trésor, qui livre une première œuvre magistrale, ne valorise jamais la violence et se concentre sur ses ramifications, et ce, de brillante façon. Les protagonistes, superbement interprétés, sont en fait les victimes d’un engrenage qui va bien au-delà d’eux. LES RASCALS ne pourrait être plus actuel et nous rappelle que la vigilance envers toutes les formes d’intolérance que nous voyons chaque jour est essentielle. – Nicolas Archambault