Avec cette 5e édition de Fantasia arriva un nouveau millénaire à conquérir à grands coups d’un cinéma vivant, marrant, inquiétant, amusant, épeurant, provocant. Après l’aventure Ex‐Centris (en 1999 seulement), l’escapade suivante du festival en était une de type plutôt comique: pour la première fois, Fantasia fit équipe avec un autre festival de cinéma de genre, Comedia, une division de Juste pour Rire, histoire de donner aux festivaliers plus de fun pour leur money.
Ce cool partenariat (qui dura deux ans) apporta aux Fantasiens son lot de petits bijoux, tel que Dying of Laughter (du génial Espagnol Alex de la Iglesia), le baroque et très délicat film sans dialogue Tuvalu (en présence du réalisateur allemand Veit Helmer, qui distribuait des bouts de pellicule 35 mm de son film aux spectateurs), la comédie horrifique The Convent de Mike Mendez (en première canadienne) et The Independent (avec tout plein de personnalités cultes dans leur propre rôle) en présence de sa plus que colorée star Jerry Stiller, de la série Seinfeld (effectivement, la grande gueule qui sert de père à Ben Stiller). Le Prix du Public alla à la comédie sud‐coréenne Attack the Gas Station. Sur le front événement aussi légendaire qu’humoristique, la présence de Terry Jones de la troupe Monty Python fut sans contredit l’un des moments forts de cette édition, alors que quelques centaines d’heureux eurent le bonheur de passer An evening with Mr. Creosote. Fallait être là, comme on dit.
L’année 2000 n’était pas seulement celle du dragon pour les fanatiques des signes du zodiaque : elle l’était également pour cette édition du festival, qui regorgeait de petits joyaux japonais. Les organisateurs ont frappé très fort avec l’un des plus subtils et des plus vicieusement percutants films de Takashi Miike, le sournoisement lent Audition (avec la fille au visage d’ange Shiina Eihi, qui vint à Montreal en 2008 pour présenter le furieusement salissant Tokyo Gore Police), ainsi que le premier Dead of Alive, la série d’action à yakuza de Miike. Également à souligner parmi les autres œuvres provenant du soleil levant, furent présentés la première nord‐américaine de Chaos d’Hideo Nakata (Ringu), Gemini de Shinya Tsukamoto (Tetsuo), la première canadienne de la suite non‐officielle et porno (!) de Blade Runner I.K.U. (en compagnie du réalisateur Shu Lea Cheang), la première nord‐américaine de Ring 0: The Birthday et la première internationale de l’adaptation plus que démentielle du manga Uzumaki par Higuchinsky. Du côté animé et manga, furent présentés le prime moyen métrage Blood: The Last Vampire (première nord‐ américaine), Vampire Hunter D (première internationale) et Albator Le Film, populaire manga mettant en vedette un fantastique pirate intergalactique, entre autres.
Également projetés dans des salles bien remplies d’énergique films réalisés par des habitués du festival, tel que les Hongkongais Ringo Lam (Victim, mettant également en vedette Chin‐Wan) et Johnnie To (The Mission, avec le tout‐puissant Anthony Wong, et Running Out of Time en présence de l’acteur Lau Ching‐Wan – deux films qui remportèrent des prix dans la catégorie Meilleur Film Asiatique), l’espagnol Jaume Balaguero (sur place pour présenter son primé The Nameless ainsi que son court Alicia) ainsi que le futur co‐réalisateur de Rec Francisco ‘Paco’ Plaza (son court Abuelitos faisait parti de l’annuel programme de courts métrages Small Guage Trauma, tout comme le Dias Sin Luz de Balaguero). Aussi inclut dans l’édition 2000 de SGT, le sombre court Black XXX‐Mas de Pieter Van Hees (qui par la suite réalisa le surprenant Left Bank, présenté au festival en 2009) remporta un prix dans la catégorie Meilleur Court Métrage. Fantasia tint également la première nord‐américaine d’Anatomie (avec Franka ‘Lola’ Potente), un tordu petit thriller‐slasher médical allemand, doté d’une morbide esthétique inspirée de la38 technique de plastination, qui était alors méconnue du grand public, avant d’être ultérieurement utilisée dans de très réelle et controversées expositions – tel que Body Worlds et Bodies – utilisant artistiquement d’authentiques cadavres, légués (ou non) à la science. Le film fut primé dans la catégorie Meilleur Film International. Nag Nak (avec le réalisteur thaï Nonzee Nimibutr en personne), The Terrorist (un film indien, présenté par John Malkovich), Island of the Dead (la star Malcolm McDowell était sur place pour présenter la première mondiale du film canadien) et Wisdom of the Crocodiles (Angleterre) faisaient également parti de la sélection internationale.
Également d’Angleterre, le producteur Simon Markham traversa l’Atlantique pour venir présenter sa sombrement étrange production Blood (le réalisateur Charly Cantor n’a pu assister à la première nord‐américaine, étant retenu chez lui pour recevoir des traitements contre le cancer), tout comme le réalisateur James Marsh et Wisconsin Death Trip, son ‘documentaire’ aussi macabre qu’émouvant. Furent également projetés le film américain satanique Ricky 6 en première mondiale (en compagnie du réalisateur Peter Filardi et de plusieurs de ses acteurs, incluant Vincent Kartheiser et Emmanuelle Chriqui – et fut primé dans la categorie Meilleur Film International), ainsi que la version du réalisateur (ou director’s cut) de Wild Side, le bouillonnant et très noir chef d’œuvre de feu‐Donald Cammell, dans lequel brille intensément Christopher Walken; la session question‐réponse de près d’une heure donnée par le monteur Frank Mazzola fut plus que mémorable, alors que ce dernier invoquait les grands artistes avec qui il eut l’honneur de collaborer au fil des années, incluant Cammell, Dennis Hopper, Nic Roeg and James Dean.
À l’époque, une édition de Fantasia ne pouvait être complète sans une bonne dose de projections de minuit bien vintages, crades et déviantes. Les audiences purent se régaler de cultissimes pétages de plombs à l’italienne, avec City of the Walking Dead du redoutable Umberto Lenzi (mettant en scène des hyperactifs et armés zombies!) et Gates of Hell du maestro du gore Lucio Fulci (également appelé – pour vous mélanger – City of the Living Dead), alors que les fanatiques du Kaiju furent gâtés avec la première internationale de Rebirth of Mothra 3 et de toutes neuves copies 35 mm de classiques du dino radioactif, soit Invasion of Astro Monster (1965) et Son of Godzilla (1967). Ils ont même balancé un bon vieux Santo… évidemment.