La 6e édition de Fantasia démarra avec une panoplie de poids lourds, incluant une fort belle sélection asiatique. De Takashi Miike, Visitor Q (un percutant ode au Teorema de Pasolini, qui fit d’entrée de jeu fuir quelques spectateurs!) et Dead or Alive 2: Birds furent tout deux présentés en première nord‐américaine.
Également du Japon, furent présentés le monstrueux film fantastique familial Sakuya (réalisé par l’artiste en FX Tomoo Haraguchi, présent au Festival), l’excessivement hystérique A Living Hell de Shugo Fujii, l’inquiétant et joliment coloré St. John’s Wort de Shimoyama Ten, l’horrifique histoire d’épouvantail hanté Kakashi, Seance de Kiyoshi Kurosawa et Gojoe de Sogo Ishii. Quant aux fanas de ‘japanimation’ et de manga, ils eurent droit à l’épisodique et mélancolique Boogie Pop Phantom, la première internationale de l’adaptation de Metropolis par Rin Taro et la première mondiale du triste bouleversant Millennium Actress, qui a valu au défunt Satoshi Kon une ovation debout.
Un jeune réalisateur sud‐coréen à l’époque inconnu, un dénommé Park Chan Wook (qui signa par la suite Sympathy for Mr. Vengeance, Oldboy et Lady Vengeance), fit un tabac avec son premier film Joint Security Area. Du même pays, les festivaliers purent frissonner devant le puissant Tell Me Something de Yoon‐Hyun Chan, se marrer lors de la comédie de lutte The Foul King de Kim Ji‐Woon, faire le point en visionnant The Isle de Kim Ki‐Duk (le Woman in the Dunes de notre génération) et Barking Dogs Never Bite, le premier film de Bong Joon Ho (qui réalisa ensuite The Host et Mother). De Chine, on projeta le film de catastrophe aérienne Crash Landing de Zhang Jianya, le pas très subtile pastiche des films de triades Jiang Hu: The Triad Zone de Dante Lam et Clean My Name Mr. Coroner de James Yuen (Project A2), mettant en vedette le beau gosse hongkongais Francis Ng.
Sur le front international, Fantasia fut l’hôte de la première mondiale de When Strangers Appear (originalement nommé The Shearer’s Breakfast) de Scott Reynolds (réalisateur de l’étonnant Heaven), du director’s cut (et première nord‐américaine) du chef d’œuvre tout en ambiance d’Antoni Aloy, El Celo (une verison espagnole de The Turn of the Screw, le classique horrifique d’Henry James), de la première mondiale Dead Creatures, ce film de zombies féministe du réalisateur indépendant Anglais Andrew Parkinson (qui a participé à l’anthologie horrifique Little Deaths), de la controversée première nord‐américaine du Jeepers Creepers de Victor Salva et des premières canadiennes de la terrifiante histoire d’hôpital‐psychiatrique‐hantée Session 9 de Brad Anderson et de l’adaptation de la bédé de Daniel Clowes Ghost World réalisé par Terry Zwigoff.
Jorge Olguin fit des vagues lors de la première nord‐américaine d’Angel Negro (le tout premier film d’horreur chilien!), alors que le réalisateur allemand Olaf Ittenbach (un authentique fanatique de Steven Seagal, responsable du fauché mais épique film gore rempli de zombies Premutos) et le régulier de Fantasia Larry Fessenden présentèrent leurs plus récents films, soit respectivement Legion of the Dead et Wendigo (cet attendu dernier gagna le premier prix de la section internationale). En terme d’offrandes canadiennes, la sélection incluait $lasher$, une satire des jeux télévisés signée Maurice Devereaux présentée en première mondiale, Ripper: Letter From Hell de John Eyre et une série de courts fantastiques made in Québec, tel qu’Otaku de Stephane Morisette et Terrore réalisé par Izabel Grondin.
La section répertoire fut toujours aussi solide, avec des projections incluant le repoussant classique du politiquement incorrect The Ebola Syndrome (mettant en vedette Anthony Wong à son plus trash ‘meilleur’), une toute nouvelle version d’Akira de Katsuhiro Otomo, une nouvelle copie du plus que brutal Cannibal Holocaust de Ruggero Deodato (une gracieuseté de Grindhouse Releasing), des nouvelles copies de Once Upon a Time in Chine 1 + 2 et de Laputa: Castle in the Sky de Miyazaki. Jose Mojica Marins – Coffin Joe lui‐même – est venu en ville pour présenter les projections de This Night I Will Possess Your Corpse et de son longtemps banni ‘psychotropique’ film Awakening of the Beast (c’était la toute première fois qu’on présentait au Canada l’un de ses films en 35mm!), accompagnés par la première canadienne de Coffin Joe: The Strange World of Jose Mojica Marins de Andre Barcinski (un succès à Sundance). Sans oublier le passage du Troma team, pour présenter leur petit dernier, Citizen Toxie.
Parmi tous les courts métrages présentés, on se soulignera Extremism Breaks my Balls de Nicolas Debot, le drame suicidaire primé L’Ilya Tomoya Sato, le programme de courts japonais incluant la plasticité jouissive de The Fuccon Family (avec son réalisateur Yoshimasa Ishibashi en personne), la première internationale de l’envoûtant Nekojiru‐so (de l’énigmatique artiste Tatsuo Sato), Final Rehearsal (de Rita Romagnino), Catharsis (le tout premier hommage aux gialli d’Hélène Cattet et Bruno Forzani, qui furent acclamés en 2010 avec Amer), l’animé Flat n’ Fluffy (de Ben Boucher), Old Breed (d’Ashley Fester), The Anatomy Class (par le réalisateur étudiant Zung So‐Yun), l’hommage aux films fauchés de l’autoproclamé réalisateur ‘baka’ (trash) Tenkwaku Naniwa, un programme double de courts horrifique du réalisateur français Michel Leray et beaucoup plus encore.
L’édition 2001 du festival marquera la dernière collaboration officielle avec le branche Comédia de Juste Pour Rire, tout comme son dernier séjour au Cinéma Impérial, qui était sur le point de subir d’intensives rénovations qui allaient durer plusieurs des années.