Québec, États-Unis
2024 100 mins
V.O. anglaise
Sous-titres : anglais
À l’ère de la méditation numérique, où notre communication est reléguée à l’impersonnalité des écrans, le charnel devient inconfortable. Les appareils sur lesquels nous comptons pour « rester connectés » ont souvent l’effet inverse : ils sèment la discorde, la confusion et les malentendus. Nicholas Galitzine, l’enfant chéri de la génération Z, déclarait dans une récente entrevue accordée au magazine britannique GQ : « à cause de l’ère numérique, quelque chose d’aussi humain qu’avoir des relations sexuelles est reçu comme un affront ». Avec leur premier long-métrage, ME AND MY VICTIM, les réalisateurs Maurane et Billy Pedlow s’attaquent de front à cette idée. Leur confession à microbudget (le film a été réalisé pour moins de 1000 dollars) est un saut désordonné, tourbillonnant, imparfait, orgasmique et influencé par les mèmes au cœur de leur relation incertaine, qui capture de manière ludique l’humanité de l’amour et de la luxure au 21e siècle.
ME AND MY VICTIM raconte la rencontre « un peu foireuse » entre Maurane et Billy Pedlow. Elle vit à Montréal, lui à New York. Elle est une artiste multimédia spécialisée dans l’art vidéo et lui, un poète. Ni tout à fait amis, ni tout à fait amants, leur rencontre est palpable et contemporaine dans sa défiance des étiquettes et des limites fermes. Le projet a débuté sous la forme d’un recueil de poèmes que Billy Pedlow allait intituler « My Friend Maurane », mais lorsqu’il s’est rendu compte que « personne ne le lirait jamais », il l’a adapté pour devenir ce film. Structuré autour d’un enregistrement audio improvisé et construit comme une sorte de collage à la Tumblr, le film explore, avec une honnêteté brutale et paradoxale, la complexité du sexe et du désir. Parabole autofictionnelle pour l’ère numérique, le film transgressif ME AND MY VICTIM est à l’opposé de la perfection imparfaite de l’intelligence artificielle. L’effet final, telle une roche qu’on retournerait, laisse entrevoir un écosystème complet de créatures effrayantes s’éparpillant au contact de la lumière. Cela vous rendra mal à l’aise, mais vous ne pourrez détourner le regard. – Traduction: Stéphanie Cusson